La méditation de pleine conscience, aussi appelée mindfulness, puise ses racines dans les traditions contemplatives orientales, notamment le bouddhisme. Mais c’est à travers un processus de laïcisation mené dans les années 1970 aux États-Unis qu’elle est devenue une pratique intégrée aux domaines de la santé, de la psychologie et du bien-être en Occident.
Une tradition millénaire revisitée par la science
Dès les années 70, le neuroscientifique Richard Davidson commence à s’intéresser aux effets de la méditation sur le cerveau. C’est cependant Jon Kabat-Zinn, biologiste moléculaire et professeur de médecine, qui jouera un rôle fondamental dans la transposition de cette pratique millénaire dans un cadre occidental, laïc et thérapeutique.
La naissance du programme MBSR
En 1979, Kabat-Zinn fonde la première clinique de réduction du stress au sein du centre hospitalier du Massachusetts. Il y développe un protocole rigoureux de 8 semaines : le MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction). Ce programme intègre des pratiques issues du zen, du yoga et de la méditation de pleine conscience, dans une forme accessible à toutes et tous, sans dimension religieuse.
Son objectif : apprendre à répondre au stress plutôt que réagir, à habiter l’instant présent, et à améliorer la qualité de vie des patients atteints de douleurs chroniques ou de stress important.
L’évolution vers d’autres protocoles : MBCT et MBI
À la fin des années 90, trois chercheurs en psychologie – Mark Williams, John Teasdale et Zindel Segal – adaptent le MBSR en intégrant les apports de la thérapie cognitive. Leur but : prévenir les rechutes dépressives. C’est la naissance du MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy).
Progressivement, de nombreux autres protocoles verront le jour. Ils sont aujourd’hui regroupés sous l’acronyme MBI (Mindfulness-Based Interventions), et sont appliqués dans des contextes variés : santé mentale, éducation, entreprise, accompagnement du vieillissement, etc.
Une pratique validée par la recherche scientifique
Ce format standardisé de 8 semaines a permis à la recherche scientifique de s’emparer du sujet. Des milliers d’études, dont plusieurs méta-analyses, ont démontré les effets bénéfiques de la pleine conscience sur :
- le stress et l’anxiété
- les troubles de l’attention
- la prévention des rechutes dépressives
- la perception de la douleur
- le système immunitaire
Certaines recherches montrent même que 45 minutes de pratique quotidienne peuvent produire des effets observables au niveau du système nerveux et même au niveau épigénétique. Toutefois, ces effets sont réversibles en l’absence de pratique régulière.